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1 octobre 2011

À babord! n°41, oct/nov 2011

Livre référence:

Dans un monde où il y a trop d’images circulant sans cesse à un rythme effréné, comment, dans ce tourbillon, tenter de fixer une parcelle de sens ? Il n’y a sans doute aucune réponse certaine à cette question sinon refuser cette suprématie du visuel pour mieux tendre l’oreille afin de saisir ces paroles disséminées ici et là et trop souvent écrasées par le discours du pouvoir. C’est à cette aventure que nous invite Eduardo Galeano avec son recueil de textes Les voix du temps, publié chez Lux Éditeur et qui s’ajoute pour notre plus grand plaisir à une précédente publication, Paroles vagabondes.

Comme on peut le relever à partir de ces deux titres, l’écriture de Galeano met beaucoup l’accent sur la Voix, nous amenant ainsi, au travers de ses brèves histoires, contes ou chroniques, à (re)découvrir celle qui est profondément occultée : la voix des humains et des bêtes, des humbles, des exploités et des humiliés. « J’ai mal à la voix », écrit-il, et tous les textes de son livre tendent à lever cette malédiction. Pour ce faire, il nous entraîne dans un périple où, naviguant entre le mythe et le quotidien, l’Amérique latine et le reste de la planète, le passé et le présent, nous pouvons recueillir ces paroles trop longtemps méprisées.

Orchestrant ce voyage, Galeano est un passeur de symboles, levant ainsi les barrières entre l’oral et l’écrit, véritable conteur des temps modernes. De fait, les textes du recueil se prêtent – appellent même – à être lus à haute voix, brisant le cercle d’une simple lecture individuelle. Loin d’être une activité privée, la poésie doit être proférée publiquement car elle n’est, elle-même, qu’un élément d’un chant plus universel, un chant créatif : « Est-ce pour annoncer l’aurore que les oiseaux chantent ou pour la mettre au monde ? »

Christian Brouillard.

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