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5 décembre 2017

Conseils simples pour vivre mieux

Le Dr Alain Vadeboncoeur vient de publier son dernier livre, Désordonnances. Le titre de chacun de ses 32 courts chapitres énonce un conseil pour faire des choix éclairés en matière de santé. L’urgentologue au sens de l’humour aiguisé en profite pour départager le vrai du faux, expliquer simplement des concepts complexes et parler de l’histoire de la médecine (et un peu de la sienne). Entrevue.

Dans votre livre, vous écrivez que la médecine n’est responsable que d’une partie de l’amélioration de notre santé. À votre avis, le premier outil demeure l’information – ce que vous avez d’ailleurs voulu offrir dans votre livre. Manquons-nous vraiment d’information au sujet de notre santé ?

En fait, il y a un mélange de trop d’information et de manque d’information. Je pense que les gens, de manière générale, manquent d’information juste et appropriée, surtout en lien avec leurs problèmes de santé, et ont souvent trop d’information. Des fois, c’est une déferlante d’information qui vient d’internet et de partout et qu’ils ne peuvent pas gérer adéquatement.

Si vous deviez choisir un conseil dans votre livre que les gens ignorent mais devraient vraiment suivre davantage, lequel serait-ce ?

Si je me mets dans l’optique du livre, qui parle vraiment d’améliorer la qualité de vie et de prolonger la vie – ce qui est un peu l’essence de la médecine –, je choisirais deux conseils. Le conseil ayant la plus grande efficacité pour tout ça, c’est probablement la marche régulière. Ça a l’air drôle, mais c’est un gros enjeu de santé publique et pourtant un conseil extrêmement simple. Le deuxième conseil, ce serait de ne pas trop dramatiser la question de la santé et de la médecine. Les gens s’en font beaucoup, des fois. C’est peut-être plus simple qu’on le pense, de se donner des chances de bien vivre.

En quoi les gens dramatisent-ils la question de la santé et de la médecine ?

Je parle beaucoup de la médicalisation et de la surmédicalisation dans mon livre. Les gens ont tendance à investir énormément dans la médecine au sens où ils recherchent des réponses qui, des fois, ne sont pas là. Ils veulent passer des tests qui ne sont pas très utiles, ils veulent absolument rencontrer leur médecin régulièrement alors que ça ne sert pas nécessairement à grand-chose… Autrement dit, on investit beaucoup dans l’aspect médical de la vie, alors que les réponses sont peut-être ailleurs. […] C’est avec des gestes simples, répétés et constants qu’on arrive à des résultats, et non avec des trucs compliqués. Quelqu’un qui mange bien, qui mange beaucoup de fruits et de légumes, qui fait de l’exercice assez régulièrement et qui ne fume pas, il fait probablement 90 % de ce qu’on sait qui est efficace en matière de prévention.

Selon vous, les « superaliments » existent autant que les superhéros de notre enfance – bref, ils n’existent pas. N’empêche, vous tâchez de consommer de moins en moins de lait et vous saluez le fait que le guide alimentaire américain vante les bienfaits du café. Existe-t-il tout de même certains aliments qui permettent de vivre plus longtemps ?

Il n’y a pas d’aliment spécifique qui peut allonger la vie, mais il y a certainement une organisation de ce qu’on mange qui peut allonger la vie, et c’est quand même assez bien démontré. Suivre une diète végétarienne ou méditerranéenne a clairement un impact sur les maladies cardiovasculaires et sur beaucoup de cancers. C’est bien plus efficace que n’importe quel dépistage ! Éloigner les viandes rouges, diminuer les produits laitiers, augmenter les huiles, les poissons et surtout les fruits et les légumes… C’est assez bien démontré que plus on mange comme ça, plus on a de chances de vivre en bonne santé et longtemps. Mais l’erreur souvent qu’on fait, c’est de penser qu’en mangeant beaucoup de radis noirs ou de bleuets, on va avoir un impact particulier, alors que c’est la variété qui est importante.

Vous citez au début du livre une étude du British Medical Journal qui conclut que seulement 35 % des traitements prescrits aujourd’hui peuvent prétendre à un bénéfice démontré ou probable. Vous écrivez aussi que, dans 200 ans, on jettera peut-être le même regard sur la médecine pratiquée aujourd’hui que le regard qu’on porte aujourd’hui sur la médecine de la Renaissance. Les conseils dans votre livre seront-ils encore pertinents dans 200 ans ?

Je pense qu’il y a des choses assez fondamentales qui vont certainement demeurer. Qu’on recommande de faire de l’exercice régulièrement, d’avoir une alimentation variée, c’est sûrement des choses qui vont rester dans le temps. Maintenant, la pratique de la médecine change tellement vite. Depuis que j’ai été formé, il y a 30 ans, ça s’est tellement transformé que je doute fort que tout ce qu’on fait d’extraordinaire demeure. Cela dit, il y a des constantes. Quand il y a une jambe qui est en train de pourrir, il y a 500 ans, Ambroise Paré l’amputait et c’est ce qu’on fait encore. Et c’est probablement ce qu’on va faire encore dans le futur. On va peut-être en imprimer des nouvelles et les implanter, mais bon, je pense que les fondements vont rester…

Entrevue avec Catherine Handfield, La Presse+, 5 décembre 2017

Lisez l’original ici.

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