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31 décembre 2018

«Un bijou de lucidité»

Extrait : « La société désapprend collectivement à réfléchir et perd ainsi une à une ses défenses immunitaires contre la manipulation, l’invraisemblable, la bêtise. L’océan émotionnel dans lequel on la plonge, et dans lequel certains individus se plaisent souvent à barboter, réduit progressivement ces derniers à l’état de vivants sans cervelle, de zombies. Le monde de l’émotion prétend valoriser l’individu, mais il le prive en fait de son autonomie, de son libre arbitre, en sapant ce qui lui permet de choisir, décider, savoir, au profit de l’impérieuse nécessité  » d’éprouver » et de sentir, puis de se fier au ressenti pour se mouvoir en société.»

Un avant-propos signé Eric Dupont-Moretti qui est au coeur dans le prétoire de la gestion des émotions. Ces dernières sont véritablement des monstres qui nous dévorent en tant qu’être humain mais qui peuvent être également sujettes à dévorer autrui. Hegel affirmait que « rien de grand ne se fait sans passion ». On constate que plus la société s’est civilisée, plus les émotions ont été fortes.

L’essai d’Anne-Cécile Robert est un bijou de lucidité. Elle constate en effet que l’émotion peut tuer une démocratie, qu’elle peut entraver des jugements. Agir sous le coup d’une émotion n’est jamais propice choix le plus judicieux. La société ne nous force t-elle pas. A l’instar de « la stratégie du choc » de Naomi Klein qui affirme que la capitalisme utilise les catastrophes pour croitre, Anne-Cécile Robert utilise d’autres leviers. Entre narcissisme des réseaux sociaux, discours politiques où l’on prêche la volonté commune qui s’apparente à une volonté individuelle.

Un ouvrage d’une richesse incroyable qui sera dans la sélection du prix Jankelevitch bouleversant le palmarès tant l’on apprend des phénomènes évidents que l’on n’a pas forcément vu. L’omniprésence des larmes, de la compassion pourrait également jouer un rôle dans la démobilisation politique.

Chaque attentat, chaque marche se répète inlassablement en boucle sans qu’aucune solution froide ne soit trouvée. Chaque jour la médiatisation de catastrophes, de chantiers, d’horreurs, fleurit. Solliciter l’empathie, la compassion serait devenue une fin en soi, un aboutissement qui clôturerait un débat ou une analyse.

Serial Lecteur Nyctalope, 31 décembre 2018

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